2005: Rouen découvre Keino Perez et retrouve son titre

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Keino Perez est le nouveau lanceur des Huskies.

Un titre de champion d’Europe B, une troisième place, c’est bien, mais ce n’est pas tout à fait se dont on envie de se contenter les dirigeants rouennais. Pour mener l’opération reconquête du titre, Xavier Rolland confie les clés du bolide à un équipage de choc : Robin Roy, qui réalisé son premier come-back comme entraîneur-chef, et Boris Rothermundt, qui raccroche pour se lancer dans la carrière de coach. Il manquait un catcheur, gros frappeur et leader ? Les Huskies vont chercher le canadien Blake Denischuk, qui fait des ravages dans les ligues indépendantes. Il fallait trouver un lanceur pour palier au départ de Christian Chénard ? Le vénézuélien Keino Perez débarque des Pays-Bas, avec un riche bagage derrière lui. La mission du groupe est simple : gagner à nouveau le titre, et oublier la cruelle déception de la défaite à Montpellier.

Challenge de France

Vient l’heure du premier objectif de la saison, le challenge de France, qui renaît de ses cendres pour se dérouler à Toulouse. Les Huskies passent sans problème l’obstacle des poules, et retrouvent Toulouse en demi-finale pour un bras de fer de très haut niveau. Un home-run de deux points de Blake Denischuk aux dépends de Samuel Meurant et une superbe relève de Keino Perez permettront aux Huskies de s’imposer 4-2 et de retrouver évidemment Savigny en finale. Le match du matin a été usant pour les rouennais, alors que les Lions ont déroulé face au PUC. Rouen, avec Simon Colboc au monticule ne sera jamais vraiment dangereux, ne frappant que 6 hits contre Florian Peyrichou, et laissant de nouveau la victoire à Savigny (1-6).

 

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Coupe d’Europe à Prague. A droite, Hugues Appleby. A gauche, l’un des terrains de Prague. Philippe Lecourieux lance contre Moscou. Giovanni Ouin contre les Croates. Réception à l’hôtel de ville avant le départ.

Coupe d’Europe

Un mois plus tard, Rouen retrouve l’Europe. C’est la Coupe CEB à Prague. Premier match face aux espagnols de Tenerife : une armada de sud-américains à la double nationalité, et au monticule le redoutable Duarte, qui a joué au niveau AA. Après cinq manches, les espagnols mènent 4-0, et on commence à se dire que les rouennais n’ont pas tout à fait encore le niveau. Mais Robin Roy motive ses troupes, leur donne quelques conseils pour s’adapter aux lancers du pitcher adverse, et les Huskies commencent une superbe remontée, jusqu’à créer l’égalité 5-5 en 9ème manche. Hélas, en dixième manche, l’américain Cutler appelé en relève concédera le point de la défaite. Les rouennais ont perdu, mais on senti le parfum de l’exploit. Une grande ambition naît. Il faut se débarrasser ensuite des autrichiens de Vienne. Rien n’est simple en coupe d’Europe, et il faudra attendre les prolongations et un simple de deux points de Yann Monnet pour faire la différence 3-1. Pour le match qualificatif pour les ½ finale, Rouen affronte Zagreb. Roy décide de lancer dans le grand bain Philippe Lecourieux, néo-calédonien de 15 ans qui n’a peur de rien. Le jeune homme lancera trois manches, relevé ensuite par Giovanni Ouin puis Kevin Cutler. Ce match sera à ranger dans l’armoire des occasions perdues. Les rouennais bénéficient de 11 BB, de cinq frappeurs atteints (dont trois fois Denischuk, manifestement remarqué par les scouts de Zagreb), et laisseront cinq fois les buts remplis (au total, 16 coureurs oubliés en route), se feront voler un point par l’arbitre appelant un tag sur Flavien Peron glissant au marbre alors que le catcher était encore en extension en train de capter la balle. Mais ils s’inclineront 5-6, sur un long ballon sacrifice de Broziute en 9ème manche. « Vous n’avez pas su profiter de vos occasions, nous oui », conclura le coach de Zagreb, qui amènera son équipe au titre trois jours plus tard. Rouen s’imposera ensuite devant les suédois et les russes (avec 6 joueurs de moins de 17 ans dans l’effectif rouennais) pour terminer à une cinquième place au goût un peu amer.

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Le maire de Rouen en 2005, Pierre Albertini, dévoile la plaque et baptise le terrain Pierre Rolland, en présence de son épouse, Genevieve, et de Valérie Fourneyron.

Championnat de france

Les rouennais domineront facilement la fin de la saison, malgré un petit accroc contre La Guerche (une première défaite en carrière face aux bretons, grâce à la performance de Gaëtan Le Poupon). En demi-finale, Sénart, valeur montante du championnat, ne fera pas le poids malgré une petite frayeur en 7ème manche du 1er match (poussée de 5 points des Templiers qui perdront finalement 5-8 et 0-3). L’heure est venue de retrouver Savigny, pour le duel devenu classique des poids-lourds du baseball français. Les Huskies sortiront KO du premier match. 7-17, et une comédie d’erreur qui verra tous les joueurs-clé craquer les uns après les autres. Denischuk, Marche, Monnet, Perez commettront chacun d’étonnantes erreurs. Savigny, agressif et concentré, a gagné la bataille psychologique. Pas de panique à Rouen. Le score est trop énorme pour être vrai. Il faut oublier et remettre son baseball en ordre de marche. Giovanni Ouin appelé au monticule réalisera une superbe performance, appuyé par deux home-runs de Denischuk en fin de match pour couper court au come-back des Lions. 11-4 pour Rouen, les cartes sont redistribuées. Rouen a oublié le cauchemar du premier match et retrouvé son vrai niveau. Savigny ne pourra plus rien faire contre la force de frappe rouennaise : 13-2 puis 7-2 , Ouin meilleur lanceur, Denischuk MVP (et un prix de consolation pour Savigny et V.Ferreira, meilleur frappeur), et un deuxième titre pour les rouennais.

LA FINALE 2005 VUE PAR… BLAKE DENISCHUK 

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Blake Denischuk

Rouen récupère son titre. Son deuxième après celui de 2003. En 2004, les Huskies avaient été sortis en demi finale. La victime ? Comme en 2003, les Lions de Savigny. Il faut dire qu’en 2005, les Huskies comptaient dans leur lineup un sacré cogneur. Le Canadien Blake Denischuk. Installé aujourd’hui à San Diego, il reste très proche du club. Et n’a pas oublié ses quatre homeruns en finale. Ni ses amis rouennais. « Rouen ? Le meilleur souvenir de ma carrière ! » A Savigny, personne n’a oublié Blake Denischuk. Ni les lanceurs, qui ont souffert, ni les outfielders qui ont vu ses frappes passer au dessus de leu tête. Le receveur originaire du Canada et installé désormais à San Diego détient depuis 2005 un record avec les Huskies. Celui du plus grand nombre de homeruns dans une série finale, avec 4. Il détient aussi le record de points produits : 10 en 4 matchs. Rentré en Amérique du Nord depuis 10 ans, Blake est resté très attaché au club. Témoin sa présence au mariage de Luc Piquet cet été à Rouen. Une réflexion est également en cours pour qu’il serve d’intermédiaire pour l’Academy pour des liens avec des universités américaines.

« Ah la finale en France… Bien sûr, je m’en souviens très bien. On avait perdu le premier match à Savigny. J’avais pourtant frappé un homerun… On avait pris une raclée (17/7) et un gros coup sur la tête car on n‘avait pas connu souvent la défaite durant la saison (sourire). Les gars étaient tellement jeunes dans l’équipe. On était des gamins et l’équipe devait encore apprendre comment gagner. Je me souviens très bien de ce moment où Rob (Robin Roy) a secoué les gars, a parlé au groupe. Il nous a poussé et je crois que ca a été un déclic, que les gars ont compris ce qu’il fallait faire pour gagner. Je ne crois pas que nous ayons ensuite été menés dans cette série. Et on a enchaîné avec huit titres de champions de France de rang ! Et j’ai été nommé MVP. Vous savez, j’ai joué en NCAA avec Arkansas, puis en ligue pro indépendante, mais jouer pour les Huskies de Rouen a été le meilleur moment de ma carrière. C’est à Rouen que j’ai eu le plus de fun à jouer au baseball. J’ai rencontré des amis géniaux, l’organisation du club était excellente, et on gagnait souvent… Ouais, c’était chouette. Ce qui m’a le plus marqué, c’était l’ambiance dans le club. J’étais impressionné par les dirigeants, les bénévoles les joueurs… C’était comme une grande famille et je peux vous dire qu’il n’y a pas ce genre d’ambiance dans toutes les organisations. On prenait du plaisir sur le terrain, on se marrait bien en dehors. Et cela faisait la différence. Je suis très fier d’être toujours recordman du nombre de homeruns en finale mais je suis surtout très fier de tout ce qu’on avait réalisé cette saison-là. Et plus que tout, je suis très fier car nous avions posé les bases d’une équipe de vainqueurs. Nous avions donné naissance à un groupe qui a tout dominé les saisons suivantes. Et j’y ai participé. Etre un Husky est quelque chose de spécial. Seul un petit groupe peut se prévaloir d’en être un. Et cela crée un lien fort entre nous. Même quand on est loin . »