2018: l’étoffe des champions

LE 14ème titre de champion !

Derrière un Owen Ozanich ultra-dominant, et à coup de home-runs, les Huskies n’ont laissé aucune chance aux Cougars de Montigny. Un 14è titre solide, sérieux, collectif, inspiré. Un 14è titre made in Huskies.

Une finale c’est toujours une histoire collective, c’est un groupe qui se met au service d’une ambition. Mais une finale, c’est aussi parfois une histoire individuelle, et les 14 triomphes rouennais ont été rythmés de performances inoubliables.

Celle de 2018 appartient à Owen Ozanich. L’as des Huskies a traversé les play-offs avec un niveau d’exception : 4 victoires, 0 défaites, 0,77 de ERA, 31 K en 35 manches, une moyenne de .180 contre lui, et une expulsion en demi-finale pour couronner le tout. Mais ce n’est pas cela qui a fait l’histoire. C’est ce match 3 dominé de la tête et des épaules. Ce match parfait dont le parfum commençait à se faire sentir de plus en plus fort au fil des manches, quand les frappeurs de Montigny étaient incapables de trouver la moindre solution. Les premières manches avaient donné le ton, les Huskies étaient venus pour finir le travail,  avec de très gros jeux de Maxime Lefevre pour éteindre la menace, un stretch parfait de David Gauthier sur un lancer de  Mendez après un jeu difficile en 3è base. Et puis le reste appartenait à Owen, qui traversait le line-up des Cougars sans jamais trembler. Faibles ballons, petits roulants, strike out, il ne pouvait rien arriver à Owen. Même le dangereux Bastien Dagneau passait deux fois dans la mitaine. Les manches défilaient, le match parfait s’approchait, Owen revenait au banc avait le visage plein d’une absolue concentration. Personne n’en parlait, mais tout le monde y pensait. Un retrait en 9ème manche, le 25è. Au bâton, l’ancien Huskies Maxime Nutte, pas forcément le frappeur le plus dangereux de l’effectif des Cougars. Mais Owen échappe une rapide au cœur du marbre, la line-drive tombe devant les champs extérieurs, le rêve passait. Owen finissait le travail en retirant les deux derniers frappeurs, signant donc un one-hitter qui restera longtemps dans les mémoires, mais avec ce petit goût amer d’avoir côtoyé l’histoire, trois saisons après son premier perfect game à Chartres. Pour la petite histoire, Nutte était le catcher des French Cubs ce jour-là. Le dernier retrait fut un ballon à Velazco.

Ce même Velzaco qui avait fait tout le travail offensif qui suffisait à Owen. En deuxième manche, avec Maxime Lefevre sur les sentiers, sur le premier lancer (comme la semaine dernière), il accueillait le lancer de Lopez par une très solide line-drive bonne pour deux points. Ce fut la seule erreur du starter des Cougars dans ce match. Ce fut l’erreur de trop.

Dans une série où les lanceurs ont fait la différence, les bâtons rouennais ont fait parler la poudre quand il le fallait. 6 des 10 points des rouennais sont venus des home run de Velazco (2) et Gauthier (1).  Et les pitchers ont fermé la porte, en lançant 31 K et en signant une moyenne collective de .152.

La finale aurait pu basculer dans la manche 4 du 1er match (coureur en 1 et 3, pas de retrait) puis  dans la manche 5 du 2ème match (buts remplis, pas de retrait). Mais Montigny n’est pas parvenu à saisir sa chance. Et cela ne pardonne pas contre Rouen. Les Huskies ont si souvent gagné des finales sur des détails, sur des points tournants qu’ils ont maîtrisés, sur cette capacité à frapper quand il le faut au moment où il le faut.

Montigny n’est pas passé loin, à parfaitement été à la hauteur de l’enjeu et de sa saison remarquable. Mais la marche était tout simplement trop haute. Rouen a évolué avec son mental de coupe d’Europe, en travaillant les at-bats, en forçant les lanceurs adverses à puiser dans leurs réserves, en exécutant les jeux en défense, en gérant le cours des évènements avec sang-froid.

Comme il est déjà arrivé par le passé, les Huskies n’ont pas été dominants tout au long de la saison. Leur moyenne offensive et leur ERA sont les moins bonnes de ces cinq dernières années. Ils sont passés à un retrait d’être éliminés en demi-finale du Challenge. Ils ont terminé à la 4ème place de la saison régulière. Tout semblait réuni pour mettre fin à leur règne sur le baseball français. Résultat, victoire au challenge, demi-finale en coupe d’Europe avec au passage des victoires sur Amsterdam et Heindeheim, et 14è titre de champion de France.  On connaît beaucoup d’équipes qui se contenteraient de beaucoup moins que cela.

Rouen est fait d’une certaine étoffe, celle des champions, celle de ceux qui gagnent les matches qu’il faut vraiment gagner.

Après Savigny, Toulouse, Sénart, Montpellier, Montigny est devenu la cinquième formation à se casser les dents sur la Meute, qui ne mérite jamais autant son surnom que dans ces moments-là. Tout le monde essaie de faire tomber Rouen en finale, et personne n’y arrive. Et la façon dont les Huskies ont « sweepé » les play-offs semble démontrer que l’écart n’est pas près de se combler avec la concurrence.

On verra ce que l’avenir dira, bien sûr. Mais les Huskies ne vont pas changer une méthode qui fait si bien ses preuves. Ils vont continuer à s’appuyer sur leurs valeurs, sur leur envie de gagner, sur leur besoin d’être ensemble, en mettant les talents personnels au service du groupe. La saison 2019 n’est pas encore commencée, les effluves de la fête ne sont pas encore dissipés, mais déjà la machine va se remettre en marche. Une saison qui sera (peut-être) la dernière de Luc Piquet, du capitaine, d’une des figures emblématiques de l’histoire du club. Il reste encore de biens belles histoires à écrire…

Tous les joueurs qui sont passés à Rouen nous le disent : « Vous avez un truc que les autres n’ont pas »

Quatre acteurs du 14ème titre de champions de France des Huskies reviennent sur cette finale face à Montigny. Perez, Lefevre, Piquet et Ozanich commentent ce nouveau succès. 

LUC PIQUET (2ME BUT DES HUSKIES)

Quelle saison ! Champion de France, vainqueurs du Challenge de France… C’est le huitième doublé du club. Et puis demi finaliste de la Coupe d’Europe des clubs champions…  Pourtant, c’était compliqué car on a un groupe renouvelé avec de nouveaux étrangers, des jeunes qui montent… On a été critiqué, Rouen n’a plus le niveau, etc … Et malgré tout cela, on a  fait en sorte de faire un pas vers l’autre, de travailler tous très fort. Le seul objectif, c’était de gagner. Et de gagner en équipe. L’exemple, c’est Johan Carias. Il a eu du mal dans la saison à frapper, à être dans le rythme, mais il a bossé fort, il n’a rien lâché et il arrive en play offs et boom ! Il frappe ! Velazco ! Deux homeruns en finale ! Boom ! Notre force, le team spirit ! Ca a pris du temps cette saison mais l’équipe a gagné en maturité. Cette victoire 2018, je la classe avec le premier titre en 2003. Depuis 2003, on a fait que progresser, que se développer. Bravo aux dirigeants, aux bénévoles… Je me souviens quand on était assis au milieu des spectateurs, sans mur aux dugouts (abris des joueurs)… On jouait en tee shirt…

On est fort dans nos têtes. Tous les joueurs qui sont passés à Rouen nous le disent : « Vous avez un truc que les autres n’ont pas ». On ne joue pas pour nous ; pour nos stats perso. On joue pour l’équipe. On se donne à fond pour l’équipe. Quand tu es sur le terrain. Quand tu es sur le banc aussi, tu dois tout donner. Peu importe. Regarde les jeunes cette année. Ils sont frustrés de ne pas avoir joué la finale ? C’est normal. Ils doivent être vénéres. Tu t’entraînes, tu bosses… Mais cette frustration doit te tirer vers le haut. Tu dois t’en servir pour être encore plus fort. Le baseball est un sport difficile. Les plus grands frappeurs cognent une fois sur trois. Ils ratent deux fois sur trois. Et ce sont les meilleurs. Tu dois gérer ta frustration au baseball. Sinon, tu ne peux pas performer. Etre sur le banc de Rouen pour ces jeunes, c’est déjà une première victoire. Si vous portez le maillot de Rouen, c’est qu’on croit en votre potentiel. L’avenir est à eux.    

Keino Perez, dans Paris-Normandie (MANAGER DES HUSKIES)

Nous avons réussi à trouver la clé au meilleur moment, car dans le championnat, on a du mal à faire preuve de régularité. Notre abnégation et notre solidarité ont joué pour beaucoup. Je suis très content pour les joueurs, qui n’ont jamais lâché, même dans des moments plus compliqués.

MAXIME LEFEVRE dans Paris-Normandie (arrêt-court DES HUSKIES)

La rencontre a basculé sur une fulgurance, mais c’est souvent ce genre de scénario dans des finales. L’équipe a livré depuis le début des play-offs un boulot formidable. On a fait preuve de maîtrise du début à la fin. Dans ce genre de finale, c’est l’expérience qui parle. Alors que pour Montigny, c’était leur première finale, pour nous, c’était la 14e, c’est dire la différence sur ce point. Mais on a surtout réussi à imposer notre force, avec tout un collectif au diapason »

OWEN OZANICH (LANCEUR DES HUSKIES DE ROUEN)

Si je suis déçu de ne pas avoir réalisé un match parfait (un seul joueur de Montigny a atteint le 1er but, un hit en 9me manche NDLR) ? Non, pas déçu. L’important, c’est le titre, c’est l’équipe. Je n’aurai jamais imaginé lancer un tel match en finale déjà. Je suis tellement heureux pour l’équipe. Je pense déjà au prochain titre, à la Coupe d’Europe l’an prochain…

On voulait « sweeper » les play offs (blanchir, ne pas perdre un match)… C’était un objectif dans le groupe. On l’a fait ! C’est spécial non ? Personne ne l’avait fait ! Mais je connais la qualité de notre groupe. Peu importe la saison régulière, nous on savait qu’il allait être l’heure de monter notre niveau. Il n’y a pas eu de match facile. C’était très serré, c’était chaud tout le temps. Mais on a super bien joué. De bons lanceurs, de gros frappeurs, une défense solide. C’était du Rouen de haut-niveau.

MATCH 1 ROUEN BAT MONTIGNY 4/1

LE TOURNANT DU MATCH

Montigny attaque la 4ème manche par un simple de Vicente. Mayeux pose une amortie que la défense rouennaise ne peut maitriser. Il est sauf et Vicente en a profité pour filer en 3me base. Deux coureurs dans les coins, pas de retrait et un score de 1 partout. Rouen est en danger. Mais Raphet est retiré sur trois prises et do Carmo frappe dans le double jeu. Montigny ne marque pas.

A Rouen de passer en attaque. Simple de Mendez. Velazco s’approche. Il catapulte le lancer de Lopez hors du terrain. Homerun bon pour deux points. Le seul homerun concédé par Lopez, le lanceur des Cougars, cette saison. Rouen vient de faire la différence et mène 3/1.

MATCH 2 ROUEN BAT MONTIGNY 4/3

LE TOURNANT DU MATCH

Les Cougars mettent une grosse pression en 5ème manche. Hit de Dylan Mayeux. Hit de Raphet. But sur balles à do Carmo. Les buts sont remplis. Pas de retrait. Et Rouen ne mène que 1 à 0. La tension est montée. Le nombreux public retient son souffle. La défense de Rouen joue avancée. Tom Mayeux frappe un roulant sur la première base, parfaitement bloqué par Gauthier qui lance au marbre pour le premier retrait. Les buts sont toujours remplis. Mais un retrait a été effectué. Le Japonais Nakaga-wa est à la frappe. Montigny va alors jouer très agressif en tentant un squeeze play (le coureur est 3 file au marbre sur le lancer et le frappeur doit absolument poser une amortie pour protéger son coureur). Mais Nakagawa ne touche pas la balle et le coureur, lancé en pleine course, n’a pas le temps de réagir. Il est retiré en souricière. Deuxième retrait. Mais la menace est toujours présente avec des coureurs en 2 et en 3. Mais Villegas retire Nakagawa sur trois prises. Ouf ! Les Huskies ont parfaitement géré cette manche si compliquée.

Et comme la veille, la réaction va être brutale. Toujours dans cette 5ème manche, Rouen se présente au bâton à son tour. Gleeson obtient un but sur balles. Gauthier suit avec une énorme claque au dessus de la clôture. Homerun. Rouen mène 3/0. Le match vient de basculer. Montigny est un peu sonné. Brainville frappe un superbe double. Piquet suit avec un simple. C’est 4/0.

Montigny va superbement pousser derrière mais ce sera suffisant pour les Huskies pour s’imposer 4/3 et mener deux victoires à zéro dans cette série finale. Mais rien n’est fait. Suite le week end prochain à Montigny, dès samedi 15 heures pour le match 3.

MATCH 3 ROUEN BAT MONTIGNY 2/0

LE TOURNANT DU MATCH

La 2me manche commence par un but sur balles accordé à Maxime Lefevre par Yorfrank Lopez. Gerwuins Velazco suit à la frappe. Le premier lancer est une rapide sur laquelle se jette le Rouennais. Il propulse la balle dans le champ gauche, au delà des clôtures. Un homerun bon pour 2 points. Les seuls du match.

Owen Ozanich lui fait le match parfait. Aucun frappeur n’a atteint la première base. En 9me, il débute par le 25ème retrait en 25 frappeurs. Owen est à deux retraits d’un match parfait. En finale ! Maxime Nutte vient frapper. L’ancien Rouennais connait bien Owen, son ancien coéquipier. IL frappe un petit simple qui tombe entre le 2me but et le champ droit. Et casse la rêve d’Owen.