La section Sport adapté a soutenu ses Huskies à Rotterdam. Inoubliable.

Sept jeunes de la section sport adapté des Huskies ont vécu en coulisses et au plus près la plus grande compétition de clubs européens à Rotterdam. La Coupe d’Europe des clubs champions. Le top 8 continental. Retour sur cette expérience avec Sabine Plouviez, responsable de la section sport adapté au club.

Sabine, comment s’est organisé ce voyage ?

Sept jeunes étaient concernés par le voyage à Rotterdam. Thérence 13 ans, Lucas 15 ans, Geoffrey 17 ans, Clara 18 ans, Kyllian a eu 18 ans la veille du départ, Yoël 18 ans, Jennifer 19 ans. Kyllian, Jennifer, Thérence et Lucas jouent au baseball depuis 3 ans, Clara et Yoël depuis 2 ans, et Geoffrey a commencé cette année.Tous sont pris en charge à l’Institut Médico-Educatif le Chant du Loup à Canteleu. Kyllian, Jennifer, Lucas, Clara et Yoël étaient déjà venus l’année précédente en Allemagne. Cette année, ils étaient très motivés par un nouveau voyage pour suivre l’équipe de Rouen.Pour Thérence et Geoffrey, c’était une grande première. Thérence était très heureux car, cette année, sa maman a accepté de le laisser partir. Quand à Geoffrey, sa venue à Rotterdam est une avancée importante dans les esprits de tous. Les difficultés de Geoffrey peuvent au premier regard paraître incompatibles avec un tel voyage en groupe à l’étranger. Mais Geoffrey nous a prouvé toutes ses capacités et a su faire tomber de nombreuses « barrières ».

Un séjour à l’étranger, ce ne doit pas être un dossier simple à monter…  

Ce que j’explique aux jeunes de la section, c’est que pour organiser un tel séjour, il y a plusieurs étapes :

La première, que l’équipe de Rouen soit qualifiée en Coupe d’Europe ! Et pour aider les joueurs, notre part du travail est de les encourager lors des matchs de championnat.

La deuxième est d’attendre l’annonce du lieu du déroulement de la Coupe d’Europe.

La troisième est d’écrire le pré-projet afin d’avoir un accord du directeur de l’IME, Mr Pujervie, ainsi que l’accord du club de baseball.

La quatrième est de trouver les financements. Et cela n’est pas la plus simple ! Beaucoup de boulot pour l’élaboration des dossiers, et des refus à la fin !

La cinquième, l’élaboration du projet, constitution du dossier…. l’IME est un établissement spécialisé dans le secteur médico-social. Il doit y avoir une déclaration et dossier déposé à l’Agence Régionale de Santé. l’IME fait partie de l’IDEFHI (Institut Départemental de l’Enfance, de la Famille et du Handicap pour l’Insertion). Là aussi, cela demande le regroupement de diverses pièces par beaucoup de services différents.

Et la sixième, l’élaboration de chaque dossier pour chaque jeune, explication aux familles…. Et là aussi c’est beaucoup de démarche.

Toutes ces étapes ont leur niveau de difficulté différente et nécessitent de la rigueur. Il ne faut rien oublier. De la prévision de l’assurance rapatriement individuelle, au tableau d’astreinte de service de l’IME, les autorisations de sorties de territoire, l’organisation des repas, la révision du véhicule pour le groupe, la carte européenne pour le gasoil, hébergement…….. La liste est impressionnante. Le plus difficile, est que nous sommes les seuls à faire ce genre de voyage, emmener des jeunes du secteur du handicap à l’étranger, donc je ne peux m’appuyer sur l’exemple d’un autre projet, en tant que responsable de ce séjour, je dois penser à tout. Mais le résultat est là. Sept  jeunes d’un établissement spécialisé à l’étranger pour la deuxième année consécutive.

« C’est à nous de les intégrer dans la vie en général. La section sport adapté, outre le but de faire pratiquer le baseball à un large public, a aussi ce rôle… Certains ne sont jamais partis en vacance et la découverte d’un pays étranger est totalement nouveau. Passer les frontières, et se retrouver avec les gens du club autour d’un même objectif : encourager Rouen ! Faire partie d’une même famille, se retrouver dans une même dynamique. » Sabine Plouviez

Pour ces jeunes, c’est une expérience très enrichissante ?

Bien sûr. Ces jeunes, qui ont été « catégorisés » handicapés, sont en établissement spécialisé. Il faut savoir qu’un établissement comme un IME accueille des enfants, adolescents qui ont été « sortis » du cursus scolaire classique car ils ne parviennent pas à suivre le système dit normal.

Dans un IME, il peut y avoir des jeunes avec maladie génétique, avec trouble alimentaire, qui ont eu un problème à la naissance et dont le cerveau a souffert et ne s’est pas développé normalement, des jeunes qui ont eu des traumatismes divers, accident domestique, de voiture, des maltraitances physiques, psychologiques, sexuels, des troubles psychiatriques, des hyperactif difficilement gérables, des autistes…………. tout ce que la vie peut faire de « hors norme ». Les différences de ces personnes font qu’elles sont dans un système médico-éducatif spécialisé. Mais c’est à nous de les intégrer dans la vie en général. La section sport adapté, outre le but de faire pratiquer le baseball à un large public, a aussi ce rôle. Ces jeunes, bien que différents, ont leur place au milieu de tout le monde. Bien sûr, aucun ne vise de faire partie un jour de l’équipe de France ou de devenir un des meilleurs joueurs de France. Leur objectif est différent.

Quand vous parliez de ce projet, que disaient-ils ? Qu’est-ce que cela représentait ?

Ce voyage pour suivre l’équipe de division 1 représente beaucoup. Certains ne sont jamais partis en vacance et la découverte d’un pays étranger est totalement nouveau. Passer les frontières, et se retrouver avec les gens du club autour d’un même objectif : encourager Rouen ! Faire partie d’une même famille, se retrouver dans une même dynamique.

Voir que les joueurs de Rouen les reconnaissent, que leur présence est importante pour encourager l’équipe. Se retrouver en un lieu inconnu, où la langue n’est pas la même, être accepté et se débrouiller. S’investir ! Nous avons fait des tee-shirts lors d’une soirée. Les jeunes ont choisi leur décoration, ont colorié…. Il y a beaucoup de leçons de vie à tirer d’un tel voyage.

« Je veux continuer le baseball. J’aime bien jouer, et j’aime faire le voyage pour être avec les joueurs et voir les match » Lucas

Quelques souvenirs ? Quelques anecdotes qui vous ont marqué lors de vos échanges avec les jeunes ?

Les paroles de Matthias à Regensburg lors d’un match l’an passé: « René a du mal à courir, il ne va pas très vite, mais par contre il frappe fort, alors il peut jouer. C’est comme nous, même si on a du mal dans certains trucs, il y a d’autres trucs où on y arrive ». Geoffrey (qui a des troubles du langage extrêmement important, et que nous avons du mal à comprendre) à l’auberge de jeunesse. Il a décidé d’aller voir le cuisinier parce qu’il avait faim, et il est parvenu à se faire comprendre ! S’apercevoir qu’un joueur des Huskies n’hésite pas à rester avec les jeunes de la section, discute avec eux, joue avec eux, déjeune avec eux….  Lucas m’a dit  « Je veux continuer le baseball. J’aime bien jouer, et j’aime faire le voyage pour être avec les joueurs et voir les matchs. On a vu le grand stade de Rotterdam, il est beaucoup plus grand que celui de Regensburg et Rouen. J’aime bien Owen quand il lance ». J’ai demandé aux jeunes comment ils avaient vécu ce voyage. Ils sont heureux. Kyllian m’a dit : « Avec l’Allemagne et les Pays Bas, on a découvert deux pays qu’on ne connaissait pas. On a vécu des moments inoubliables. On a vu les matchs et on a crié pour encourager. Quand on ne regardait pas les matchs, on a visité Rotterdam et on a vu des bâtiments bizarres. La décoration de l’auberge de jeunesse était rigolote. On a fait connaissance avec des gens extraordinaires, par exemple Juliette la maman de José (Paula) qui était avec nous ». Ou Jennifer « J’aime bien regarder les matchs, c’est intéressants. Et avec le voyage, on peut partir un peu de Rouen ». Yoël « L’auberge était vraiment tranquille »

Tous espèrent repartir la saison prochaine. Et ils seront là, pour encourager les Huskies lors des phases finales du championnat de Division 1 à la rentrée  en septembre.