Kenji Hagiwara, l’un des plus grands joueurs de notre sport

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C’était un entre deux matches de la saison 2019. Kenji Hagiwara était venu saluer ses anciens coéquipiers dans l’abri. En le présentant à Yoimer Camacho et Junior Sosa, Keino Perez déclara simplement « c’est le meilleur outfielder de France ». Le compliment n’était pas usurpé. Tout au long de sa carrière, Kenji a éclaboussé de son talent le champ extérieur des Huskies. Une carrière pendant laquelle il n’a porté que le maillot des Huskies, si on excepte une pige au Cochise College, en Arizona, d’où il est revenu encore plus fort, et le traditionnel passage par l’Insep. Pur produit des Huskies, Kenji a très haut les couleurs rouennaises. Comme beaucoup d’autres joueurs, il a mis un peu de temps avant de trouver sa place. On l’a vu en 2è base (le poste qu’il occupait lors de la 1ère finale des rouennais, en 2003), derrière le marbre, aussi. Mais c’est une fois installé au champ extérieur qu’il a donné son plein potentiel, pendant de longues années. 

Un mental de gagneur, un mental de leader. De ceux qui rendent les autres meilleurs

Il y a des five-tools players. Ceux qui frappent pour la puissance, pour la moyenne, qui courent, qui sont solides en défense, et qui ont un très bon bras. Kenji est indiscutablement à ranger dans cette catégorie. Grâce à son swing compact et des mains très rapides, il était capable d’envoyer la balle en dehors du terrain contre n’importe quel lanceur, comme il était capable de surprendre la défense par un amorti. Sur les sentiers, il était un danger permanent, comme voleur de base bien sûr mais aussi par sa capacité à étirer un simple en double, à aller une base plus loin, grâce à son excellent sens du jeu. En défense, sa lecture de balle parfaite et sa vitesse lui permettaient d’aller chercher des frappes qui semblaient des coups-sûrs, et son bras précis et puissant faisait hésiter les coureurs adverses. Mais Kenji était en fait un « six tools player ». Car à ces capacités techniques et athlétiques, il ajoutait la dimension du mental. Un mental de gagneur, un mental de leader. De ceux qui rendent les autres meilleurs, de ceux qui ont le sens absolu de l’équipe, de l’effort collectif, de ce qu’il faut donner pour remporter les plus grandes victoires. Avec ce savoir-faire, ce sens des petits détails, cette connaissance du timing qui fait les plus grands. 

Dans bien des grands succès rouennais, on retrouve un coup-sûr, une action, quelque chose dans lequel Kenji était impliqué

Kenji était toujours à 100%, et souvent plus. C’est ce qui en faisait un exemple pour tous. Dans une équipe de Rouen avec de fortes personnalités, il s’imposait à sa manière, avec son exigence, son niveau de jeu, sa rigueur. Dans bien des grands succès rouennais, on retrouve un coup-sûr, une action, quelque chose dans lequel Kenji était impliqué. Il était de ces joueurs qui font basculer les matches, et même au plus haut niveau, on se souvient de son 2 en 4 en finale de la Coupe d’Europe contre Kinheim. Kenji était adoré de tous ses coaches, car il comprenait toujours exactement son rôle et en donnait toujours plus, par ses coéquipiers, parce qu’avec lui, on pouvait aller à la guerre. Dans ces années de triomphe des Huskies, chacun a apporté sa marque, Kenji était celle du leader discret mais indispensable.

Toujours tout faire pour gagner. Toujours tout donner pour l’équipe

Sur la fin de sa carrière, Kenji pouvait moins s’entraîner, moins effectuer les longs déplacements. Car il était pris par son évolution professionnelle dans la grande distribution (il est directeur de magasin, après avoir suivi le cursus d’une école de commerce) et par sa vie de famille, et ses deux petits garçons qu’on voit parfois sur le bord des terrains et dont on se dit qu’avec un grand-père champion de judo et un père champion de baseball, il serait surprenant qu’ils ne connaissent pas un beau parcours sportif. Il était moins présent, mais avec l’amour du jeu, du maillot, des amis, chevillé au corps, il répondait présent dans les grands rendez-vous. Et là encore, il était de ceux qui font la différence. 

Pour sa dernière finale, en 2018, contre Montigny, il était sur le banc pour le match n°2. Sur le banc. Un joueur avec son palmarès, son aura, son prestige. Il l’a accepté. Et, quand il fut appelé comme coureur suppléant, il ne fit rien d’autre que d’aller marquer le point qui fut finalement le point de la victoire. Voilà, c’était signé Kenji. Toujours tout faire pour gagner. Toujours tout donner pour l’équipe. C’était un autre coup d’éclat, peut-être moins retentissant que d’autres, mais qui portait vraiment la marque de commerce d’un des plus grands joueurs de notre sport.

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