1/2 finales: le choc des palmares

| Publié par | Catégories : Compétition

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Il fallait bien que cela finisse par arriver un jour. Que les deux plus grandes équipes de l’histoire du baseball français se retrouvent face à face dans un affrontement au plus haut niveau. Que l’équipe qui a écrasé les années 1960 à 1990 vienne se rappeler au bon souvenir de celle qui marque son sport de son empreinte depuis le début des années 2000. Que le PUC et Rouen rejouent un peu la querelle des anciens et des modernes, à la sauce du baseball français. Ce sera fait dès ce week-end, pour un des affrontements les plus excitants de ces dernières années.

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Montée en force

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Il y eut certes, en 2002 une finale de challenge de France (ancienne formule) et en 2003 une ½ finale de championnat, toutes deux remportées par Rouen. Mais les Huskies n’étaient qu’au prémices de leur montée en puissance et les pucistes entamaient leur descente aux enfers, marquée les années suivantes par quelques sauvetages plus juridiques que sportifs et jusqu’à une descente en D2. Depuis, le PUC a su se reconstruire et redevenir une force du baseball français. Et même, cette année, la principale force du championnat. Tournant le dos à la formation et au formidable réservoir de joueurs franciliens, le PUC a bâti une armada faite de recrues étrangères de très haut niveau, de double-passeports et de joueurs assimilés, qui a fait régner la terreur tout au long de la saison. Sans un début de saison un peu poussif, le temps que tout se mettre en place et que Nicolas Dubaut retrouve la pleine possession de ses moyens (on y reviendra) le PUC aurait tranquillement terminé à la 1ère place de la saison régulière, comme en témoigne sa domination dans toutes les catégories statistiques.

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Des chiffres qui parlent

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Comme en témoigne aussi sa fin de saison décoiffante. Depuis le 8 juin, et une défaite 1-5 aux mains d’Ozanich et des rouennais, les Pucistes ont remporté leurs 9 derniers matches en faisant exploser tous les compteurs : 105 points marqués contre 12 encaissés, une moyenne collective de .373, et un haut d’alignement (Regis, Kushigian, Infante) qui pointe à .469 dans la même période. Pendant ce temps, le pitching ne donnait pas grand-chose : 1,50 de ERA pour Murrey 0,32 pour Dubaut. Des statistiques qui présentent le PUC comme invincible. Tout au long de la saison, les chiffres sont d’ailleurs en faveur du PUC. 250 points marqués (196 pour Rouen), 353 hits (277 pour Rouen), .345 de moyenne (.305 pour Rouen), 72 bases volées (61 pour Rouen), 93 coups de plus d’un but (55 pour Rouen), .366 avec des coureurs en position de marquer (.332 pour Rouen)… Le pitching est un peu plus équilibré avec 2,44 de ERA pour les lanceurs parisiens et 2,43 pour les lanceurs rouennais, .223 de BAA pour Rouen, .238 pour le PUC, 174 K lancés par les rouennais, 163 par les pucistes. La défense rouennaise fait un peu mieux que celle de son adversaire (.974 contre .967), mais le terrain de Pershing, où chaque rebond se transforme en aventure, y est sans doute pour quelque chose.

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La part du mental

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Mais si les statistiques écrivaient d’avance l’histoire d’une rencontre, les rouennais pourraient aussi rappeler que, depuis 2002, le PUC est leur victime favorite : 59 affrontements entre les deux équipes, pour 53 victoires rouennaises. Voilà qui peut aussi marquer les esprits. Et puis, au-delà des chiffres il y a l’impondérable facteur mental. Celui qui fait que battre en Rouen en match décisif n’est pas donné à tout le monde. D’ailleurs, une seule équipe y est parvenue depuis septembre 2003 : Montpellier (1/2 finale 2004, challenge de France 2005, 2008 et 2014). Mais les Barracudas sont occupés à autre chose, face aux Templiers, qui ont fait le choix de les affronter en ½ finale. C’est une autre histoire, mais elle est tout aussi intéressante à suivre. Le moteur rouennais n’a pas tourné cette saison sur tous ses cylindres. Les Huskies ont été poussifs, à l’image d’un quart de finale face à Beaucaire qu’ils ont remporté en faisant la différence quand il le fallait, en fin de match. Mais ils ont gagné, à l’expérience, au sang-froid. Gagner en fin de match, ils l’ont fait aussi en Coupe d’Europe contre les italiens, les tchèques et les allemands. Depuis une douzaine d’années, au fil d’improbables retournements de situations, les Huskies ont acquis la certitude qu’ils peuvent toujours retourner toutes les situations. Cela peut compter, cela va compter, dans des affrontements qui s’annoncent très pesants sur le plan psychologique. Toutes les médailles accrochées au cou des Marche, Bert, Piquet, Hagiwara, Perez, Gauthier, ce n’est pas seulement un peu de métal et un ruban tricolore, c’est le symbole d’un état d’esprit de conquérants qui se transmet aux nouvelles générations et qui reste un argument de poids quand vient le temps de jouer des matches décisifs.

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Démonstration à faire

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D’autant plus que les pucistes ont la charge de la preuve : premièrement, celle de démontrer que Rouen peut perdre un titre de champion de France. Certes, les séries sont faites pour s’arrêter un jour, et on n’a jamais été aussi proche de la fin pour la série de succès rouennais. Mais tout le monde s’est cassé les dents sur la Meute, et rien ne prouve que ce PUC si séduisant puisse faire mieux que les Savigny, Toulouse ou Sénart de ces dernières années, qui avaient eux aussi quelques arguments à faire valoir. Deuxièmement, celle de démontrer qu’ils sont capables de gagner un match de référence. Tout écraser sur son passage en championnat, c’est une chose. Transposer ces succès en play-offs, s’en est une autre. Le PUC a échoué en demi-finale l’an passé. Il tenait sa victoire en ½ du challenge de France (2-0 après 8 manches) avant de s’effondrer en extra-inning. Gagner ne se décrète pas, cela se démontre sur le terrain.

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Arguments de poids

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Pour passer à cette démonstration , le PUC possède au moins deux atouts décisifs. D’abord Cody Regis. Le meilleur joueur du championnat 2014 a des stats qui rappellent celles d’Ethan Paquette en 2012. Ce sont celles d’un joueur qui peut, qui doit, faire la différence. Regis domine dans tous les secteurs, avec quelques chiffres invraisemblables : .929 (13 en 14) avec un coureur en 3ème base et moins de 2 retraits, .750 avec les bases pleines, .543 comme leadoff d’une manche. Arrêter Regis, c’est faire mal au PUC. Et ce ne sera pas simple pour le pitching rouennais, d’autant que Regis n’est pas seul, et qu’Infante peut lui aussi faire très mal (ses stats sont presque du même niveau que celle de Regis), et qu’il n’est jamais conseillé de rater un lancer face à un Medina ou un Rodriguez .De 1 à 9, le line-up du PUC est dangereux, et nulle part un lanceur ne trouve à se reposer. Le deuxième atout est bien connu des Huskies. Nicolas Dubaut a fait le bonheur de Rouen pendant trois saisons, et tout le monde connait sa personnalité hors-norme de gagneur, qui contribue par sa seule présence à tirer tout un groupe vers le haut. Revenu à son meilleur niveau physique, il a écœuré l’offensive rouennaise lors des deux confrontations de la saison. Là encore, si les Huskies parviennent à solutionner l’énigme Dubaut, ils auront fait un grand pas vers la victoire. Et il ne faut pas oublier que si le PUC possède une avance en fin de match, il détient l’arme fatale avec Mattieson, le coach au bras canon, un closer comme on n’en a jamais vu dans le championnat de France.

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Contre-arguments

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Des individualités qui font la différence, les Huskies peuvent en aligner aussi quelques unes. ON les a déjà citées, ce sont ces vieux soldats qui ne sont jamais aussi bon que quand cette longue et peu passionnante saison régulière cède la place aux affrontements au couteau. Les pucistes ont Dubaut ? Les Huskies répondent avec Ozanich, l’incontestable numéro 1 du staff France. Les pucistes ont la puissance de Regis et Infante ? Les Huskies ont des machines à frapper des hits comme Marche, Piquet, Morillo et des sprinteurs propres à mettre le feu entre les bases comme Bert ou Lefevre. Les pucistes ont un coach qui fait la différence quand il monte sur la butte avec Mattieson ? Les Huskies ont Keino Perez, meilleur ERA de la saison, qui ne baissera jamais les bras ni le regard quand il s’agira de défier l’adversaire. Et on pourrait aussi parler du niveau défensif des rouennais, qui leur a souvent permis de gagner des championnats.

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Et on pourrait enfin parler de tout l’effectif, de cet ensemble solide, confiant, solidaire, qui ne lâchera jamais ce titre qu’ils considèrent comme leur propriété privée.

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Qu’attendre dès lors de cette demi-finale prestigieuse ? Tous les scénarios sont envisageables. Le plus probable est celui de matches au couteau, se jouant sur un détail, un hit, une course, un rebond, . Un pur match de play-offs où chaque lancer est décisif, où chaque action peut faire la différence. Un défi mental, physique et technique. Du baseball comme on l’aime….

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