Luc Piquet, le plus beau palmarès de l’histoire du baseball français

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C’était devenu une scène classique : dernier match de la finale, les Huskies sautent dans les bras des uns des autres, quelques cris de joie, de sonores high-five, quelques larmes de bonheur. Et peut-être, pour le numéro 45, quelques larmes en plus, d’émotion, tout simplement, parce que partir, ce n’est jamais facile. C’était le 25 août 2019, au terrain Pierre-Rolland. Luc Piquet mettait un terme à sa carrière. Au plus beau palmarès de l’histoire du baseball français. Un cascade de titres, de victoires sur tous les terrains de France et d’Europe, plus de 30 ans consacrés au baseball, depuis les premiers pas sur des terrains qui ne ressemblaient pas vraiment à des terrains de baseball, à Dieppe, jusqu’à cet ultime titre de champion, avec entre temps une finale de coupe d’Europe, un titre de meilleur défenseur du championnat d’Europe, et tant et tant de succès.

Luc a toujours gardé au fond de lui cet ado un peu fou, vivant à 100 à l’heure, aimant rire, les amis, la fête, relevant tous les paris, tous les défis

Mais on ne résume pas Luc Piquet à son palmarès. Il est suffisant pour faire de lui un des plus grands joueurs de notre sport, il est suffisant pour tracer le portrait d’un champion hors-norme, il n’est pas suffisant pour parler de tout ce que Luc a apporté aux Huskies. 

Luc a toujours gardé au fond de lui ce qu’il était quand il a rejoint Rouen. Cet ado un peu fou, vivant à 100 à l’heure, aimant rire, les amis, la fête, relevant tous les paris, tous les défis, tout cela ne l’a jamais complètement quitté. Mais au fil du temps, son caractère a pris de l’ampleur, de la profondeur, le gamin est devenu un homme, le joueur qui ne connaissait pas grand-chose au jeu est devenu un frappeur redouté et un défenseur hors pair, le petit nouveau est devenu un leader respecté, un capitaine qui donne l’exemple et dont on écoute les avis. 

Il faut avoir entendu les discours de Luc auprès des plus jeunes, après les dernières finales des Huskies, cette façon qu’il avait de leur transmettre le flambeau, de les mettre en face de leurs responsabilités, de leur expliquer ce que c’était d’être un Huskies, ce que cela demandait d’efforts pour gagner. Il faut avoir entendu Luc, pendant un match, expliquer une technique, une stratégie, avec une autorité naturelle, sans avoir peur d’élever la voix juste comme il faut. Parce que l’exigence fait partie de lui, et qu’il ne peut pas accepter qu’on ne soit pas ainsi. Garder le moral en toute circonstance, oublier ses erreurs pour repartir de plus belle, avoir un mental de fer, un mental de vainqueur, c’est ce qu’il ne cessait de transmettre. Un meneur, absolument, un meneur dans tous les sens du terme. C’est une des plus importantes parties de son héritage.

Luc est aussi un vrai athlète, pouvant faire parler sa vitesse, pouvant frapper avec puissance à tous les champs, doté d’excellentes mains, avec un très fort QI de baseball, cherchant toujours à s’améliorer, à comprendre, à analyser les forces et les faiblesses des adversaires. Il a joué à tous les postes de l’avant-champ, il fut catcher à ses débuts, parfois lanceur (mais il ne nous en voudra pas de dire que ce n’est pas pour cela qu’on s’en souvient), souvent 3è base, arrêt-court quand on avait besoin de lui, et Rouen a gagné de grands matchs avec lui à ce poste si stratégique. Mais c’est incontestablement en 2è base qu’il a trouvé sa marque, ses repères, son efficacité maximum. Peut-être parce qu’il savait mieux que quiconque faire naître une vraie complicité avec tous les joueurs d’arrêt-court qui se sont succédé à sa droite.

On ne se construit pas tout seul, et Luc n’oublie jamais de rendre hommage à ceux qui l’ont accompagné au fil des années, qui ont participé à sa construction comme François Beauchemin, Sylvain Virey, Robin Roy, Keino Perez, pour ne citer que les noms les plus emblématiques. Il faut être intelligent pour bien apprendre, et Luc a parfaitement rempli ce mandat.

Luc était le dernier des premiers. C’est-à-dire le dernier des joueurs encore en activité à avoir remporté le premier titre des Huskies, en 2003

Cela va être étrange, cette saison, de regarder le terrain et de ne pas voir sa silhouette, de ne plus entendre ses commentaires et ses blagues dans l’abri. Mais il sera surement dans les tribunes, pour quelques commentaires qui ne manqueront certainement pas d’intérêt. 

Luc était le dernier des premiers. C’est-à-dire le dernier des joueurs encore en activité à avoir remporté le premier titre des Huskies, en 2003. C’est lui qui avait sonné la charge, un jour d’avril 2002, quand les Huskies revenaient en 1ère division, et qu’on ne savait pas encore qu’ils allaient écraser le baseball français du XXIè siècle. C’était à Montpellier, et Rouen se sentait tout petit face à ce grand club, ces grands joueurs, ce grand palmarès. Premier frappeur du match, Luc Piquet. Première frappe, un triple loin dans le champ extérieur. Une frappe comme un symbole, comme une prise de pouvoir. Rouen allait remporter le match, puis le suivant, et ni les Huskies ni Luc n’allaient s’arrêter. 

La capitaine a tiré sa révérence, comme d’autres avant lui, Yann Monnet, Boris Marche, dont les numéros ornent aussi le champ extérieur du terrain des Huskies. Les grandes équipes elles savent se remettre du départ de leurs plus grands joueurs, mais c’est un peu de l’âme des Huskies qui va s’en aller avec la retraite sportive de Luc.

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